Mercredi 16 avril - mercredi 30 avril 2025
654 km parcourus au total

Aux sources de la Seine, nous sommes accueillis par Jacques et Marie-Jeanne qui en sont, en quelque sorte, les gardiens héréditaires. Ils nous expliquent qu’ils ont tissé au fil de l’eau, jusqu’au Havre, des liens avec des femmes et des hommes qui nourrissent un intérêt fort pour ce fleuve.

En quittant ce gîte, nous tournons une nouvelle page de notre périple. Nous quittons la Seine qui nous reliait symboliquement à Paris, et le GR 2 que nous suivions jusqu’ici.

On remonte à l’envers une branche du chemin de Compostelle jusqu’à Besançon où nous marquons une nouvelle pause. C’est l’occasion de récupérer un peu de matériel que nous avons endommagé en les laissant une nuit sous la pluie par inadvertance (batterie externe et prise murale pour recharger nos téléphones).

Les paysages commencent à changer, doucement, au rythme de la marche. Ils prennent du relief petit à petit. Les arbres sortent leurs feuilles et les forêts nous offrent un beau camaïeu de verts. Les fougères commencent à se dérouler, elles s’étirent comme après un long sommeil. Le printemps s’installe.

La prochaine grosse étape, c’est le passage de la frontière Suisse dans quelques jours.

La sortie de Besançon se fait en montée sous la pluie et dans le brouillard, nous barrant la vue sur la citadelle et la vallée du Doubs. Parfois, la marche est ingrate et les efforts non récompensés.

Nous avons rejoint la Via Francigena, un chemin de pèlerinage qui mène jusqu’à Rome (depuis Canterbury en Angleterre). C’est l’occasion de rencontrer un peu plus de monde sur la route et dans les gîtes le soir (quand nous ne sommes pas en bivouac). Ainsi, nous croisons la route de Claude et Hélène, couple de retraités aficionados des randonnées très longues distances. Lorsque nous apprenons que Claude a 80 ans, nous sommes admiratifs et on se dit que la marche conserve plutôt bien. Rendez-vous dans 40 ans !

Sur ces quelques étapes, on alterne entre de magnifiques sentiers (ancienne voie de chemin de fer reconvertie en voie vélo, remontée de rivière jusqu’à sa source dans la forêt) et des portions de routes goudronnées dans des paysages assez peu inspirants. Et quand la route devient ennuyeuse, les kilomètres et le temps s’allongent. On passe alors en mode automatique, un pied devant l’autre, droite, gauche, droite, gauche. Il ne faut plus penser, il ne faut plus compter, on arrivera quand on arrivera.

C’est dans cet état d’esprit qu’on entre dans Pontarlier. Un peu fatigués. Mais la perspective de la frontière le lendemain nous permet de garder le moral.

Et c’est effectivement avec émotion que nous traversons le poste frontière. Dans les faits, cela ne change pas grand chose. On peut poser des barrières arbitraires, la nature n’en a que faire. Les sapins sont les mêmes de part et d’autre. L’herbe a la même couleur, le ciel aussi. Mais on quitte la France et on approche de l’Italie, on avance.

On se réjouit aussi d’arriver bientôt à Lausanne où l’on sait qu’un nouveau havre de paix nous attend pour une pause de quelques jours.

Finalement, c’est Lausanne qui vient à nous avec un peu d’avance, puisque l’amie chez qui nous logerons vient nous accueillir en personne dans le village suivant la frontière.

Même les frontières ne peuvent séparer les amitiés ! On se quitte après un verre en terrasse et on se dit à dans 2 jours.