Les 100 derniers kilomètres
On nous avait dit “vous allez voir, les 5 dernières étapes jusqu’à Rome, ce n’est pas terrible”.
On n’était pas trop surpris puisque depuis le début, la Via Francigena emprunte finalement beaucoup de routes goudronnées. Et en approchant de la capitale, on se doutait bien qu’on ne gambaderait pas au milieu d’une nature sauvage.
Et bien, figurez-vous que les gens avaient tort et nous aussi ! Nous avons été agréablement surpris par ces dernières étapes qui nous ont emmenés à travers forêts et réserves naturelles, à l’ombre des arbres.
En quittant la Toscane et ses champs à perte de vue, nous avons en effet découvert des paysages plus boisés que nous avons d’autant plus appréciés vu les conditions météo.
Cela ne nous a pas empêché de garder notre rythme de lever à 4 h du matin, puisque nous avons quand même dû faire quelques kilomètres sur route pour rejoindre les villes médiévales où nous passions la nuit.
L’une d’elles nous a agréablement surpris. Il s’agit de Sutri. Plus petite et moins connue que San Gimignano ou San Miniato, elle offre pourtant un patrimoine culturel très intéressant, notamment dans son parc archéologique. Nous avons pris le temps de visiter l’église de la Madonna del Parto construite sur un temple romain lui-même bâti sur des tombes étrusques et qui renferme des fresques datant du 14e siècle.
En parcourant ces derniers 100 km, nous avons donc retrouvé le plaisir de la marche dont la chaleur nous avait privé.
Et c’est avec une grande émotion que nous sommes arrivés à Rome. À l’approche du Vatican, les larmes nous montent aux yeux. Alors ça y est ? On arrive enfin ? On a vraiment fait Paris-Rome à pied ?
Plus que 2 km de ligne droite et l’on sera place Saint-Pierre. C’est là que la Via Francigena prend fin en général (le chemin continue ensuite dans le sud de l’Italie pour ceux qui ont encore un peu d’énergie à revendre).
À l’arrivée, ceux qui ont parcouru au moins les 100 derniers kilomètres peuvent obtenir un “diplôme” qui atteste qu’ils ont bien effectué le pèlerinage jusqu’à Rome. À faire valoir ce que de droit. Peut-être qu’on gagne des points pour là-haut ? Ce n’était pas notre but, mais dans le doute, on prend quand même !
On se mélange au flot de touristes, on est un peu perdu, en décalage. On visite rapidement la basilique, mais très vite la fatigue et la faim nous rattrapent.
Après s’être levés à 4 h et avoir parcouru 22 km, il est temps de se reposer. Après 96 jours et plus de 1750 km, il est temps de se poser.
Ainsi s’achève la première partie de notre odyssée. Non pas chez les Grecs, mais à Rome. Nous décidons de prendre une semaine de vacances pour en profiter calmement. La ville éternelle nous offre aussi son lot de colonnades, sûrement dignes des plus beaux temples grecs.














